vendredi 14 mars 2008

Une UMR comment çà marche ?

Le titre exact serait plutôt « comment çà marchait ? », puisque nous sommes actuellement en plein dans la tourmente des réformes affichées ou occultes...

Une UMR, c’est une Unité Mixte de Recherche. Mixte ne fait pas référence au fait que des hommes et des femmes y travaillent, mais au fait que plusieurs organismes en assurent la tutelle.
L’institut où je brode travaille, est une unité mixte CNRS - Université. Nos deux tutelles nous versent donc des fonds, nous affectent du personnel chercheur ou enseignant-chercheur, ITA (ingénieurs, techniciens, administratifs) ou ITARF (ingénieurs, techniciens, administratifs de recherche et formation). Ces ressources sont attribuées dans le cadre d’un contrat quadriennal. C’est à dire, que tous les 4 ans l’unité doit préparer un document scientifique et administratif faisant le point des réalisations des quatre années passées (évaluation a posteriori) et développant un projet pour les quatre prochaines années (évaluation a priori). Ce dossier est très lourd à monter, et se fait sous la houlette de l’ancien directeur (bilan) et du futur directeur (projet). Dans certains cas, il s’agit d’une seule et même personne.
Ce dossier (du type pavé indigeste) sera le support de travail du comité chargé de l’évaluation.
Jusque là, le comité d’évaluation était composé de personnes nommées par nos instances (président du comité imposé par la section principale de rattachement au CNRS, représentant de l’Université, représentants de chaque section scientifique de rattachement) et de personnes proposées par l’unité et choisies par le président du comité d’évaluation. Soit, en général composé d’un panel de scientifiques couvrant les domaines de recherche de l’unité et spécialistes desdits domaines. Chez nous, nous avions toujours dans ces évaluateurs des personnalitées venant de l’étranger, parce que même pas peur !
Le comité d’évaluation venait passer deux jours dans l’institut. Après une présentation de l’unité par l’ancien directeur, le comité se séparait en sous jurys qui écoutaient les différents chefs d’équipes relevant de leurs compétences, présenter leur bilan des 4 années précédentes, et leur projet scientifique pour les 4 années suivantes. De plus, les représentants des sections scientifiques du comité national rencontraient les élus des différents collèges1 pour faire le point sur les aspirations, récriminations, …, spécifiques de chaque catégorie professionnelle.
Le président du comité faisait également le point avec l’ancien et le futur directeur, sur les parties budgétaires, et gestion des personnels (y compris les futurs recrutements).
Enfin, le comité se réunissait pour faire le bilan, et produire un rapport. En gros, ce rapport devait prendre en compte les points suivants :
- L’activité scientifique globale de l’unité est-elle correcte ? Si non, quelles sont les recommandations du comité (restructuration ou fermeture) ?
- L’activité scientifique de chaque équipe est-elle correcte ? Si non, quelles sont les recommandations du comité (fermeture d’équipe par exemple) ?
- Le projet scientifique déposé est-il cohérent, et permettra –t’il à l’unité de se maintenir dans une recherche de qualité internationale ?
Ce pré-rapport était présenté à l’assemblée générale de l’unité, puis dans sa version définitive transmis aux sections scientifiques de rattachement de l’unité. Le président du comité devait formuler un avis sur la qualité de l’unité, et émettre des recommandations. Il est important de noter que le président devait également assurer un suivi de l’unité évaluée sur le quadriennal suivant (en cas de renouvellement) ou sur les deux années suivantes (en cas de fermeture d’unité ou de restructuration).
La section scientifique du comité national (en général une 20aine de membres des trois collèges, élus et nommés au niveau national) se réunissait alors pour évaluer, à partir des rapports des comités d’évaluation, les différentes unités qui lui sont attachées, et produire un classement de ces unités (A, top qualité ; B, attention problème ; C : fermeture). De ce classement dépendait nos financements récurrents des 4 années à venir : augmentation du budget si l’on veut soutenir une unité performante, budget constant ou diminué voire supprimé.

Je ne dis pas que ce système était parfait, mais il présentait l’avantage d’une double évaluation…

Ce mode de fonctionnement est désormais caduque, l’évaluation des unités (et celle des personnels) dépendant dorénavant de l’AERES.

A suivre…


1collège A : Professeurs d’Université et Directeurs de Recherche ; collège B : Maîtres de Conférences et Chargés de Recherche ; collège C : Ingénieurs, Techniciens et Administratifs.
Chaque collège élit pour 4 ans des représentants au conseil d’Institut.

1 commentaire:

Le Piou a dit…

AERES? avec un faute de frappe on aurait bien vu le but: la guerre!