Appelons le Léon1. Léon est jeune enseignant chercheur, chef d’équipe dans notre institut. Sa production scientifique, n’est disons, pas tout à fait à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre de quelqu’un ayant bénéficié de gros soutiens financiers, d’un post-doctorant pendant 3 ans, d’un doctorant sur une bourse flêchée par l’école doctorale, et d’une décharge d’un demi-service d’enseignement pendant deux ans. Cependant, nous savons tous nous « jeunes » scientifiques (enfin jeunes selon les nouveaux critères, ce qui ne fait pas de nous des trentenaires…) qu’il arrive que les projets ne démarrent pas comme on le pensait, que nous ne sommes pas à l’abri de périodes difficiles, et que finalement même si c’est dur à entendre nos pairs considèrent que nous aurions dû mieux faire.
Il se trouve que Léon, outre ses activités d’enseignant chercheur est également militant très engagé dans la lutte contre certaines espèces que d’aucuns vont faucher au son des mégaphones2.
Ce qui est son droit le plus strict et ne regarde que lui.
Il se trouve également que Léon est un collègue un peu difficile à cotoyer, pratiquant trop l’invective et l’injure dans les discussions pour lier des amitiés indéfectibles dans son environnement professionnel.
Il se trouve enfin que l’équipe de direction de notre institut, et particulièrement la direction actuelle, n’est pas non plus du genre à faire dans la dentelle au niveau relationnel.
Prenez toutes ces constatations, secouez bien fort, et vous obtiendrez une situation explosive à souhait. Depuis maintenant 2 ans, Léon est en conflit ouvert avec l’institut. Après de nombreux épisodes, la future équipe de direction (en préparation du quadriennal) a signifié à Léon qu’il devrait se trouver un nouveau point d’accueil dans un laboratoire de l’université, mais que, non merci, il ne ferait plus partie de l’institut à partir du 1er janvier 2010.
Après ce long préambule, venons en aux faits que je souhaite aborder ici.
Léon a de nombreux relais politiques, et a donc lancé une grande offensive médiatique, où il se présente en victime de ses opinions et engagements militants, qui conduisent à son éviction de l’institut. Nous avons régulièrement des buzz, sur le thème. Un certain nombre de journaux se sont fendus d’articles dont le niveau était quelque peu affligeant en terme de contre-enquète. Le pompon dans cette catégorie est revenu à Libé, journal que je lisais depuis plus de 30 ans (c’est fini je ne le lis plus), puisqu’à la suite d’un article sur le sujet je me suis vue censurer un commentaire qui pointait quelques erreurs dans les faits présentés. J’avais alors adressé un courriel à la journaliste, pour m’étonner de ces pratiques éditoriales…. J’attends toujours une réponse de sa part. Dont acte, j’ai rayé Libé de mes lectures matutinales.
Cerise sur le gâteau, nous avons eu cette semaine une grande manifestation de soutien (environ une centaine de personne) à la cause de Léon. Toute la fine fleur de mouvements anti-vous savez quoi, et la présence du Grand Gourou himself s’il vous plait !
La première victime collatérale de ce rassemblement a été le parterre de fleurs devant le bâtiment… Les secondes victimes ont été des étudiants passant un examen dans la salle de conférence. Mais, je cite, "une manifestation c’est fait pour gêner les autres"… Vu sous cet angle, effectivement…
Une réunion a finalement eu lieu avec des représentants des deux parties. Pendant près de 3 heures, tous les points conflictuels ont été discutés, sereinement selon plusieurs de mes taupes. Le debriefing du côté manifestants a été édifiant, les membres du conseil scientifique qui étaient présents, se demandant si finalement ils avaient bien passé 3 heures à discuter avec les mêmes personnes. Et je laisserai de côté les attaques personnelles injurieuses dont certains ont été la cible.
Je suis atterrée de l’agressivité de ces personnes, de leur absolue partialité, des méthodes qu’ils emploient et du mépris qu’ils ont de la liberté de pensée. Vous n’êtes pas d’accord avec eux, vous êtes l’ennemi, à la solde du grand capital, dépourvu de courage. Ils ont raison, probablement parce qu’ils parlent plus fort que vous. Ils vous disent ne pas tout comprendre du fonctionnement (administratif) de la recherche, mais lorsque vous tentez de leur expliquer pourquoi certaines de leurs affirmations sont totalement fantaisistes3, leur réponse est "c’est vous qui le dîtes". Vous leur proposez de voir des documents officiels appuyant vos propos, et vous vous entendez répondre "ce n’est pas la peine".
Non, la démocratie ne consiste pas à demander en permanence son avis à tout le monde. N’en déplaise à certains, le vote des citoyens définit une majorité et une minorité. C’est la majorité qui décide. C’est comme çà, même si la majorité n’a pas les mêmes opinions que l’individu Léon ou Roberta.
La prise de pouvoir collective, les commissaires politiques et tout le reste, tout cela on le connaît, çà s’appelle la dictature du prolétariat. Et moi quand j’entends dictature, je ne supporte pas.
1je ne dérogerai pas aux règles d’anonymat ayant cours ici.
2ne soyez pas trop surpris par le style, je tiens juste à éviter que certains mots clés tapés dans google ne dirigent sur cette page.
3à titre d’exemple des inepties colportées, j’ai relevé "la confiscation de la totalité de [ses] reliquats de crédits pour 2008 et 2009". Trop fort l’ami Léon, il sait déjà en juin 2008 qu’il aura des reliquats de crédit (attribués en mars 2009) qui lui seront confisqués en décembre 2009 ! Sans compter qu’avec la mise en application de la LOLF fin 2006, la possibilité de report budgétaire a disparu…
Il se trouve que Léon, outre ses activités d’enseignant chercheur est également militant très engagé dans la lutte contre certaines espèces que d’aucuns vont faucher au son des mégaphones2.
Ce qui est son droit le plus strict et ne regarde que lui.
Il se trouve également que Léon est un collègue un peu difficile à cotoyer, pratiquant trop l’invective et l’injure dans les discussions pour lier des amitiés indéfectibles dans son environnement professionnel.
Il se trouve enfin que l’équipe de direction de notre institut, et particulièrement la direction actuelle, n’est pas non plus du genre à faire dans la dentelle au niveau relationnel.
Prenez toutes ces constatations, secouez bien fort, et vous obtiendrez une situation explosive à souhait. Depuis maintenant 2 ans, Léon est en conflit ouvert avec l’institut. Après de nombreux épisodes, la future équipe de direction (en préparation du quadriennal) a signifié à Léon qu’il devrait se trouver un nouveau point d’accueil dans un laboratoire de l’université, mais que, non merci, il ne ferait plus partie de l’institut à partir du 1er janvier 2010.
Après ce long préambule, venons en aux faits que je souhaite aborder ici.
Léon a de nombreux relais politiques, et a donc lancé une grande offensive médiatique, où il se présente en victime de ses opinions et engagements militants, qui conduisent à son éviction de l’institut. Nous avons régulièrement des buzz, sur le thème. Un certain nombre de journaux se sont fendus d’articles dont le niveau était quelque peu affligeant en terme de contre-enquète. Le pompon dans cette catégorie est revenu à Libé, journal que je lisais depuis plus de 30 ans (c’est fini je ne le lis plus), puisqu’à la suite d’un article sur le sujet je me suis vue censurer un commentaire qui pointait quelques erreurs dans les faits présentés. J’avais alors adressé un courriel à la journaliste, pour m’étonner de ces pratiques éditoriales…. J’attends toujours une réponse de sa part. Dont acte, j’ai rayé Libé de mes lectures matutinales.
Cerise sur le gâteau, nous avons eu cette semaine une grande manifestation de soutien (environ une centaine de personne) à la cause de Léon. Toute la fine fleur de mouvements anti-vous savez quoi, et la présence du Grand Gourou himself s’il vous plait !
La première victime collatérale de ce rassemblement a été le parterre de fleurs devant le bâtiment… Les secondes victimes ont été des étudiants passant un examen dans la salle de conférence. Mais, je cite, "une manifestation c’est fait pour gêner les autres"… Vu sous cet angle, effectivement…
Une réunion a finalement eu lieu avec des représentants des deux parties. Pendant près de 3 heures, tous les points conflictuels ont été discutés, sereinement selon plusieurs de mes taupes. Le debriefing du côté manifestants a été édifiant, les membres du conseil scientifique qui étaient présents, se demandant si finalement ils avaient bien passé 3 heures à discuter avec les mêmes personnes. Et je laisserai de côté les attaques personnelles injurieuses dont certains ont été la cible.
Je suis atterrée de l’agressivité de ces personnes, de leur absolue partialité, des méthodes qu’ils emploient et du mépris qu’ils ont de la liberté de pensée. Vous n’êtes pas d’accord avec eux, vous êtes l’ennemi, à la solde du grand capital, dépourvu de courage. Ils ont raison, probablement parce qu’ils parlent plus fort que vous. Ils vous disent ne pas tout comprendre du fonctionnement (administratif) de la recherche, mais lorsque vous tentez de leur expliquer pourquoi certaines de leurs affirmations sont totalement fantaisistes3, leur réponse est "c’est vous qui le dîtes". Vous leur proposez de voir des documents officiels appuyant vos propos, et vous vous entendez répondre "ce n’est pas la peine".
Non, la démocratie ne consiste pas à demander en permanence son avis à tout le monde. N’en déplaise à certains, le vote des citoyens définit une majorité et une minorité. C’est la majorité qui décide. C’est comme çà, même si la majorité n’a pas les mêmes opinions que l’individu Léon ou Roberta.
La prise de pouvoir collective, les commissaires politiques et tout le reste, tout cela on le connaît, çà s’appelle la dictature du prolétariat. Et moi quand j’entends dictature, je ne supporte pas.
1je ne dérogerai pas aux règles d’anonymat ayant cours ici.
2ne soyez pas trop surpris par le style, je tiens juste à éviter que certains mots clés tapés dans google ne dirigent sur cette page.
3à titre d’exemple des inepties colportées, j’ai relevé "la confiscation de la totalité de [ses] reliquats de crédits pour 2008 et 2009". Trop fort l’ami Léon, il sait déjà en juin 2008 qu’il aura des reliquats de crédit (attribués en mars 2009) qui lui seront confisqués en décembre 2009 ! Sans compter qu’avec la mise en application de la LOLF fin 2006, la possibilité de report budgétaire a disparu…
7 commentaires:
Et est ce que quelqu'un lui a dit aussi a Leon, que c'est un blaireau en recherche et que s'il veut militer il a le droit de demissionner pour se consacrer a sa cause a plein temps. Ca serait plus simple, non?
Qu'est ce qu'il repond a: "Leon, t'as rien produit en 6 ans. Tu crois pas que y'a un probleme?"
C'est un blaireau. Un mauvais. Qu'il degage. Ca fera du bruit, mais apres on pourra donenr sa chance a un autre petit jeune.
Bon il vient de faire 2 papiers... donc techniquement sur le quadriennal en cours, il est publiant...
Le principal reproche que je lui fait est qu'il déforme les faits pour s'ériger en victime, ce qu'il n'est pas. Le second reproche est que j'en ai marre de me faire agresser verbalement sur mon lieu de travail, et qu'en plus de lui il m'a fallu supporter les commentaires de ses camarades de lutte. Tu imagineras sans difficulté dans quel état je pouvais être après 3 heures de confrontation....
Mais en fin de compte pourquoi vous agresse-t-il, ce méchant ? Parce qu'il est caractériel ou parce qu'il vous reproche d'être pro-vous savez-quoi dans votre labo ?
Je viens de lire plus attentivement votre blog, il est vraiment excellent ! Et drôle, ce qui ne gâche rien. J'ai particulièrement apprécié vos déboires aériens, nous avons là un point commun (70h de retard par exemple sur un Paris-Sao Paulo). Cordialement,
FK
Floriano: il nous agresse parce qu'il ne supporte pas qu'on puisse avoir une opinion différente de la sienne...sur quelque sujet que ce soit. Et maintenant, parce qu'aucun d'entre nous n'a envie de servir de médiateur pour résoudre son conflit personnel (j'insiste la dessus) avec la direction. Quant à être pro ou anti, j'ai le sentiment que la majorité se situe plutôt dans le sans opinion tranchée, et quelques uns chez les antis... mais y compris chez ces derniers, personne ne croit que c'est la cause des problèmes de Léon...
Donc, je pencherai pour l'hypothèse caractérielle....
(et merci pour les compliments ;-) )
Tu vois, finalement le prive, c'est vraiment bien.
Pour le probleme des insultes, t'as "HR" (Human Ressources Dept) qui gere ca.
-1er avertissement: Rappel a la regle.
-2nd avertissement: Rappel des consequences.
-Consequences.
C'est hyper expeditif, mais au moins tu sais ou t'as derape et tu sais que t'as ete prevenu. Raison ou pas raison, c'est sans appel.
oui, c'est probablement plus efficace... chez nous, il faut des faits vraiment graves pour que les gens soient virés, et une réelle volonté d'aboutir de la part de la direction. Ex boss en a viré deux tout de même... quand on connait le système, il a vraiment dû mouiller la chemise....
Avant que d'aucuns ne s'offusquent, il s'agissait dans un cas de harcèlement sexuel, dans l'autre d'agression physique et destruction de matériel.
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