jeudi 24 janvier 2008

La décision 30

Allez, encore une petite tranche de rapport Attali avant d'aller se coucher!

Page 42 :
DÉCISION 30
« Réformer le statut d’enseignant-chercheur.
Personne ne devrait pouvoir être chercheur à vie sans enseigner, à moins d’obtenir de façon spécifique des dérogations sur la base des performances de recherche récentes.
• Recruter et financer (salaires, frais de fonctionnement et équipements) tous les nouveaux chercheurs sur des contrats de 4 ans. À l’issue de cette période, une évaluation décidera si le projet pourra être prolongé. Aucun chercheur ne devra bénéficier de plus de deux (ou, exceptionnellement, trois) contrats de quatre ans successifs. Au bout de cette période, le chercheur pourrait évoluer vers un contrat à durée indéterminée de « directeur de recherche », vers une activité d’enseignement, ou vers l’entreprise privée.
• Attirer et conserver les meilleurs chercheurs par un niveau plus attractif de salaires (à travers des primes fortement modulables, des Contrats à durée indéterminée (CDI) et des accélérations de carrière) et des financements de leurs projets de recherche. »


Bon, c’est un peu tout et son contraire, sauf à lire entre les lignes pour essayer d’interpréter ce qui semble incompatible.

Reprenons : La première phrase peut se lire « Tous les chercheurs devront enseigner sauf les meilleurs ». Je rappelle le titre, réformer le statut d’enseignant-chercheur. Pour l’instant on est dans la réforme du statut de chercheur…

Premier point : recrutement et financement. Je ne vois toujours pas apparaitre l’enseignant chercheur… En revanche, j’y lis que si après 8 ans (exceptionnellement 12) de contrats, le chercheur a été performant, il aura gagné un CDI de directeur de recherche (et donc en prime la dérogation d’enseignement ?), ou une activité d’enseignement (mais là on ne parle plus de recherche ?) ou dégager dans le privé (on se demande bien pourquoi le privé voudrait recruter une telle personne, avec ses valises plombées de 12 ans d’académisme …).

Deuxième point : les salaires. Il faut qu’ils aient un niveau plus attractif (oui, je confirme, actuellement n’importe quel post-doc débutant est mieux payé à l’étranger que moi et mes 16 ans de CNRS). Allons y de la prime modulable ! Ah c’est sur, çà va attirer les meilleurs… Bon, c’est pas assez ? Ajoutons-y la perspective d’un CDI (si on se réfère au paragraphe précédent, c’est quand même à un horizon de 4 ans en étant très bon et très chanceux – on est en France n’oubliez jamais çà) et l’accélération de carrière (là je sèche. Est ce que cela sous entend que les chercheurs seraient toujours fonctionnaires, et donc englués dans la grille de la fonction publique, sauf à accélérer leur passage d’échelon au mérite ?)

Le vrai problème, c’est que la décision 30 portant sur la réforme du statut d’enseignant chercheur ne va pas plus loin.

Si quelqu’un peut m’expliquer ce que çà changera pour les Maîtres de Conférence, je suis toute ouïe. J’aurai aimé lire, que le nombre d’heures d’enseignement devrait être aligné sur ce que font nos si performants collègues de la perfide Albion, ou ceux du Nouveau Monde… Parce que là, ce que çà annonce, c’est le même boulot mais en CDD…

Peut être faudrait il rappeler aux éminents membres de cette commission qu’on n’attire pas les mouches avec du vinaigre…

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