Je suis arrivée un peu par hasard en DEA.
Après avoir enchaîné DEUG, licence et maîtrise, et puisque mes résultats le permettaient, je me suis donnée "un an pour voir" si le monde de la recherche me conviendrait.
Il s'agissait alors d'un gros sacrifice, puisqu'il était exclu que je travaille pendant cette année. Or depuis la deuxième année de DEUG, j'avais revendiqué mon indépendance et de fait travaillais en parallèle de mes études.
J'étais acceptée dans deux DEA, et j'ai eu le privilège de pouvoir choisir lequel des deux je suivrai. Mon choix s'est porté sur le DEA de Microbiologie, couplé au cours Pasteur de bactériologie. Le principe était alors, 3 mois de cours organisé en TP labo suivi de 9 mois de stage recherche en laboratoire. Pour le cours, un labo de Pasteur se déplaçait dans le bâtiment d'enseignement, et nous travaillions tous sur des projets de recherche (comprendre dont on ne connait pas le résultat) liés à la thématique du labo organisateur. A cela s'ajoutaient des séminaires, et des ateliers d'analyse d'article.
Je garde de ces 3 mois un souvenir incroyable, de stimulation intellectuelle quasi permanente, et surtout de mise en situation: apprendre à tenir un cahier de manip, à interpréter des résultats, à émettre des hypothèses conduisant à de nouvelles manips,... Bref, j'avais l'impression d'être enfin entrée dans la cour des grands, et ce que je vivais me plaisait énormément... j'avais attrapé le virus, je voulais faire de la recherche, il fallait donc sortir dans les premiers du cours puis du DEA pour obtenir une bourse de thèse1.
Je choisis de réaliser mon stage dans un labo de l'institut Pasteur. Malheureusement pour moi, l'expérience que j'ai vécu alors a été désastreuse sur le plan humain. Depuis le début de mes études supérieures, j'avais bien réalisé que nous étions très peu à venir d'un milieu modeste (j'étais la seule de mon groupe de copains de fac à travailler) mais je n'avais jamais vécu cela comme un handicap. Propulsée dans un milieu socio-professionnel à des années lumière de mon environnement familial, je pris vite la mesure du mépris dans lequel j'étais tenue. J'avais des problèmes de fin de mois? Mais enfin, mes parents se devaient de m'entretenir... ha ils ne pouvaient pas? Mais enfin, ils n'avaient qu'à faire des efforts, après tout j'étais la preuve qu'on peut sortir de la fange...
Certes je force un peu le trait, mais rapidement ce régime eu raison de ma résistance nerveuse, et à me sentir en permanence en dessous, je finis par me dire que je n'avais pas ma place dans cet environnement et que je n'avais pas assez de ressources morales pour me battre contre.
J'avais quasiment décidé d'arrêter après le DEA, lorsque je rencontrais enfin un être humain dans ce panier de crabes à ego sur-dimentionné.
Un de mes professeurs de licence, qui était en partance de Pasteur, m'a ainsi "rattrapé" alors que je lâchais prise. Surtout, il su trouver les mots pour me convaincre de continuer, l'argument majeur étant qu'on n'arrête pas sur un échec, que j'aimais la science et semblais apte à continuer sur une thèse, et qu'il me fallait passer outre des relations humaines déplorables.
Le stage se termina dans une ambiance délétère: je fus hébergée dans un autre labo les deux derniers mois, et mes co-encadrantes2 estimant avoir assez donné avec la correction du manuscrit ne s'inquiétèrent absolument pas de la soutenance (à laquelle elles ne vinrent pas, convaincues que je finirais dans les tréfonds du classement...).
Leur intime conviction s'avéra erronée, et je terminai suffisamment bien classée pour obtenir la clé d'une thèse. C'est donc sans aucun regret que je quittai l'élite de la recherche française (ils se perçoivent comme tels pour nombre d'entre eux), pour rejoindre les berges plus modestes de la Mérantaise...
1Et oui, en ce temps là seuls les quelques premiers d'un DEA obtenaient une bourse de thèse du ministère dont dépendait la recherche, donc changeant de nom à chaque changement de gouvernement. Au moment de mon DEA, ce devait être MIR (Industrie et Recherche), enfin je crois...
2A posteriori, je pense que cette direction bicéphale fut une cause majeure des problèmes relationnels rencontrés.
Après avoir enchaîné DEUG, licence et maîtrise, et puisque mes résultats le permettaient, je me suis donnée "un an pour voir" si le monde de la recherche me conviendrait.
Il s'agissait alors d'un gros sacrifice, puisqu'il était exclu que je travaille pendant cette année. Or depuis la deuxième année de DEUG, j'avais revendiqué mon indépendance et de fait travaillais en parallèle de mes études.
J'étais acceptée dans deux DEA, et j'ai eu le privilège de pouvoir choisir lequel des deux je suivrai. Mon choix s'est porté sur le DEA de Microbiologie, couplé au cours Pasteur de bactériologie. Le principe était alors, 3 mois de cours organisé en TP labo suivi de 9 mois de stage recherche en laboratoire. Pour le cours, un labo de Pasteur se déplaçait dans le bâtiment d'enseignement, et nous travaillions tous sur des projets de recherche (comprendre dont on ne connait pas le résultat) liés à la thématique du labo organisateur. A cela s'ajoutaient des séminaires, et des ateliers d'analyse d'article.
Je garde de ces 3 mois un souvenir incroyable, de stimulation intellectuelle quasi permanente, et surtout de mise en situation: apprendre à tenir un cahier de manip, à interpréter des résultats, à émettre des hypothèses conduisant à de nouvelles manips,... Bref, j'avais l'impression d'être enfin entrée dans la cour des grands, et ce que je vivais me plaisait énormément... j'avais attrapé le virus, je voulais faire de la recherche, il fallait donc sortir dans les premiers du cours puis du DEA pour obtenir une bourse de thèse1.
Je choisis de réaliser mon stage dans un labo de l'institut Pasteur. Malheureusement pour moi, l'expérience que j'ai vécu alors a été désastreuse sur le plan humain. Depuis le début de mes études supérieures, j'avais bien réalisé que nous étions très peu à venir d'un milieu modeste (j'étais la seule de mon groupe de copains de fac à travailler) mais je n'avais jamais vécu cela comme un handicap. Propulsée dans un milieu socio-professionnel à des années lumière de mon environnement familial, je pris vite la mesure du mépris dans lequel j'étais tenue. J'avais des problèmes de fin de mois? Mais enfin, mes parents se devaient de m'entretenir... ha ils ne pouvaient pas? Mais enfin, ils n'avaient qu'à faire des efforts, après tout j'étais la preuve qu'on peut sortir de la fange...
Certes je force un peu le trait, mais rapidement ce régime eu raison de ma résistance nerveuse, et à me sentir en permanence en dessous, je finis par me dire que je n'avais pas ma place dans cet environnement et que je n'avais pas assez de ressources morales pour me battre contre.
J'avais quasiment décidé d'arrêter après le DEA, lorsque je rencontrais enfin un être humain dans ce panier de crabes à ego sur-dimentionné.
Un de mes professeurs de licence, qui était en partance de Pasteur, m'a ainsi "rattrapé" alors que je lâchais prise. Surtout, il su trouver les mots pour me convaincre de continuer, l'argument majeur étant qu'on n'arrête pas sur un échec, que j'aimais la science et semblais apte à continuer sur une thèse, et qu'il me fallait passer outre des relations humaines déplorables.
Le stage se termina dans une ambiance délétère: je fus hébergée dans un autre labo les deux derniers mois, et mes co-encadrantes2 estimant avoir assez donné avec la correction du manuscrit ne s'inquiétèrent absolument pas de la soutenance (à laquelle elles ne vinrent pas, convaincues que je finirais dans les tréfonds du classement...).
Leur intime conviction s'avéra erronée, et je terminai suffisamment bien classée pour obtenir la clé d'une thèse. C'est donc sans aucun regret que je quittai l'élite de la recherche française (ils se perçoivent comme tels pour nombre d'entre eux), pour rejoindre les berges plus modestes de la Mérantaise...
1Et oui, en ce temps là seuls les quelques premiers d'un DEA obtenaient une bourse de thèse du ministère dont dépendait la recherche, donc changeant de nom à chaque changement de gouvernement. Au moment de mon DEA, ce devait être MIR (Industrie et Recherche), enfin je crois...
2A posteriori, je pense que cette direction bicéphale fut une cause majeure des problèmes relationnels rencontrés.
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