Aujourd'hui je participais à une animation scientifique dans les collèges.
Intitulé de l'évènement "2hr chrono pour la science"...
Le principe était le suivant: un chercheur et un animateur scientifique se rendent dans une classe de 3ème pendant 2 hr, pour sensibiliser les jeunes à la science à une période où ils doivent commencer à penser à leur orientation future. La classe est séparée en deux, et pendant qu'un groupe parle avec le chercheur de son métier, l'autre réalise des petites expériences en rapport avec le domaine de recherche du chercheur. A mi-parcours, on échange les groupes.
Sur le papier, plutôt une bonne idée. Oui, mais seulement sur le papier...
Premier problème: une organisation de l'évènement totalement affligeante. Pour avoir coordonné pendant de nombreuses années la fête de la Science dans notre institut, je sais que ce genre de manifestation ne supporte pas l'approximation, surtout pas quand le public est un groupe de pré-ados/ados...
Deuxième problème: le concept. La c'est plus grave. Mais je pense que l'objectif affiché serait plus adapté à des secondes qu’à des troisièmes.
En gros, leur temps d’attention doit tourner autour de 2-3 minutes, ce qui les place légèrement au dessus des 2 poissons rouges qui étaient au fond de la classe, mais qui ne leur permet pas de participer à une réflexion de manière constructive. Le premier groupe était plus dynamique (et tonique !) que le second. Cela dit, avec le second groupe, j’avais la prof dans la salle, et on voit immédiatement le changement de comportement. Incroyable ce que la présence de l’enseignant les rend passifs (pas forcément plus silencieux, mais plus du tout interactifs).
J’ai essayé de leur faire comprendre quelle était la démarche scientifique (j’observe, j’analyse, j’interprète, je teste mes hypothèses), et que sans le savoir, ils utilisaient ce mode de fonctionnement de manière intuitive : j’observe le ciel, je vois le soleil, donc il fait beau, donc je sors sans pull car je n’aurai pas froid => si c’est en plein hiver, l’hypothèse je n’aurai pas froid est incorrecte. Comme me l’a fait remarquer un élève, ‘si on ne réfléchit pas on ne vaut pas plus qu’un légume’.
En fait, je pense qu’ils sont à un âge où une heure de philo hebdomadaire ne leur ferait pas de mal, à condition de ne pas appeler cela philo (j’étais un peu choquée de leur anti-intellectualisme primaire). Les aider à développer leur vision du monde, à formuler correctement les questions, à se donner les moyens d’y répondre serait à mon avis plus utile que d’espérer leur faire ‘appréhender au mieux les réalités du monde de la recherche' en 2 heures.
Pour la petite histoire, et pour une fois de plus vérifier l’adage ‘le monde est petit’, 50 classes de collèges du département étaient concernées par l’événement, soit entre 1200 et 1500 élèves. J’ai été envoyée dans un collège de l’autre bout du département où le fils d’une de mes amies est scolarisé… en 3ème. Et initialement, je devais intervenir dans sa classe ! Mais avec les 150 changements de programmes liés à l’inorganisation de l’organisateur, j’ai finalement rencontré une autre classe de son collège. Sa mère et moi, en vraies pestes, ne lui en avions pas parlé (j’aurai adoré voir sa tête !), et j’ai été super déçue de ce changement de dernière minute.
Intitulé de l'évènement "2hr chrono pour la science"...
Le principe était le suivant: un chercheur et un animateur scientifique se rendent dans une classe de 3ème pendant 2 hr, pour sensibiliser les jeunes à la science à une période où ils doivent commencer à penser à leur orientation future. La classe est séparée en deux, et pendant qu'un groupe parle avec le chercheur de son métier, l'autre réalise des petites expériences en rapport avec le domaine de recherche du chercheur. A mi-parcours, on échange les groupes.
Sur le papier, plutôt une bonne idée. Oui, mais seulement sur le papier...
Premier problème: une organisation de l'évènement totalement affligeante. Pour avoir coordonné pendant de nombreuses années la fête de la Science dans notre institut, je sais que ce genre de manifestation ne supporte pas l'approximation, surtout pas quand le public est un groupe de pré-ados/ados...
Deuxième problème: le concept. La c'est plus grave. Mais je pense que l'objectif affiché serait plus adapté à des secondes qu’à des troisièmes.
En gros, leur temps d’attention doit tourner autour de 2-3 minutes, ce qui les place légèrement au dessus des 2 poissons rouges qui étaient au fond de la classe, mais qui ne leur permet pas de participer à une réflexion de manière constructive. Le premier groupe était plus dynamique (et tonique !) que le second. Cela dit, avec le second groupe, j’avais la prof dans la salle, et on voit immédiatement le changement de comportement. Incroyable ce que la présence de l’enseignant les rend passifs (pas forcément plus silencieux, mais plus du tout interactifs).
J’ai essayé de leur faire comprendre quelle était la démarche scientifique (j’observe, j’analyse, j’interprète, je teste mes hypothèses), et que sans le savoir, ils utilisaient ce mode de fonctionnement de manière intuitive : j’observe le ciel, je vois le soleil, donc il fait beau, donc je sors sans pull car je n’aurai pas froid => si c’est en plein hiver, l’hypothèse je n’aurai pas froid est incorrecte. Comme me l’a fait remarquer un élève, ‘si on ne réfléchit pas on ne vaut pas plus qu’un légume’.
En fait, je pense qu’ils sont à un âge où une heure de philo hebdomadaire ne leur ferait pas de mal, à condition de ne pas appeler cela philo (j’étais un peu choquée de leur anti-intellectualisme primaire). Les aider à développer leur vision du monde, à formuler correctement les questions, à se donner les moyens d’y répondre serait à mon avis plus utile que d’espérer leur faire ‘appréhender au mieux les réalités du monde de la recherche' en 2 heures.
Pour la petite histoire, et pour une fois de plus vérifier l’adage ‘le monde est petit’, 50 classes de collèges du département étaient concernées par l’événement, soit entre 1200 et 1500 élèves. J’ai été envoyée dans un collège de l’autre bout du département où le fils d’une de mes amies est scolarisé… en 3ème. Et initialement, je devais intervenir dans sa classe ! Mais avec les 150 changements de programmes liés à l’inorganisation de l’organisateur, j’ai finalement rencontré une autre classe de son collège. Sa mère et moi, en vraies pestes, ne lui en avions pas parlé (j’aurai adoré voir sa tête !), et j’ai été super déçue de ce changement de dernière minute.
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