jeudi 24 juillet 2008

Avant, après

Le dernier post du Piou, m’a inspiré un commentaire fort long, que j’ai décidé du coup de republier ici (p’tite flemme moi avec cette chaleur).
Commencez donc par lire le texte d’origine ici. Ma réaction ne concerne que la partie concernant l'enseignement universitaire en France.

Avant, la formation universitaire permettait l’obtention de cinq diplômes.

Le premier cycle universitaire, permettait d’obtenir le DEUG (Diplôme d’études Universitaires Générales) en deux ans. On avait droit à 1 redoublement (1ere ou 2eme année), soit diplômer en 2 ou 3 ans.
Le DEUG permettait de s’inscrire en Second cycle universitaire, sans sélection (sauf pour les MST, qui ne permettaient pas de contracter une Maladie Se-xuel-lement Transmissible, mais d’obtenir une Maitrise de Sciences et Techniques).

Le second cycle universitaire permettait d’obtenir deux diplômes :
La Licence en 1 an, soit Bac +3 (qu’on pouvait redoubler ou tripler), puis
La Maitrise, en 1 an, soit Bac + 4 (qu’on pouvait également redoubler ou tripler, les deux diplômes étant dissociés).
Il était également possible de passer deux licences ou deux maitrises pour les inconscients courageux.

Une fois la Maitrise en poche, on candidatait pour l’entrée en DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies), première année du troisième cycle universitaire. Seuls les meilleurs des maitrises étaient pris après sélection sur dossier et entretien.

A titre d’exemple, j’ai obtenu une Maitrise de Biochimie de l’Université Paris VI. Nous étions environ 180 étudiants en maitrise, dont un tiers primants, doublants et triplants confondus a obtenu le sésame (environ 90). Chaque DEA accueillant environ 20 étudiants (toutes universités confondues). Ainsi, dans le DEA que j’ai suivi seules 3 places étaient réservées aux étudiants de Paris VI sur un total de 24… En d’autres termes, les 90 lauréats n’entraient pas tous en troisième cycle.

Ensuite, il « suffisait » de sortir dans les premiers de la promotion de DEA (autour de 20), pour obtenir une bourse de doctorat, la bourse étant attribuée principalement au mérite de l’étudiant, et accessoirement au sujet de thèse qu’il avait choisi (par exemple, une de mes amies ayant suivi le DEA de virologie dont elle était sortie 2eme, s’est vu refuser sa bourse de thèse parce qu’elle avait choisi un sujet d’immunologie).
Une fois attribuée la fameuse bourse de thèse du ministère (dont le nom changeait en fonction de l’inspiration des gouvernements) on avait deux ans, renouvelable une troisième année, pour obtenir des résultats brillants nous promettant un avenir radieux permettant de partir en post-doctorat à l’étranger, l’ANR n’existant pas encore.

Après, on est passé en LMD. (je copie le commentaire laissé chez le Piou, j’ai la flemme de ré-écrire)

L = licence, obtenue après 3 ans d'études (L1, L2, L3); exit le DEUG.
M = Master, obtenu après 2 ans d'études (M1, M2); exit maitrise et DEA
D= Doctorat, en principe à boucler en 3 ans.

Bon, ce n'est pas que du marketing. Parce que les gus qui ont une licence, s'inscrivent en master (il y a un tri des dossiers en théorie, mais vu les baisses d'effectif... c'est un peu l'école des fans). Le master est un diplome en 2 ans. Donc, si tu as ta 1ere année, tu passes en 2eme (celle qui remplace le DEA). Bref, plus de sélection pour cette année de préparation à la recherche. En revanche, c'est toujours sur le principe du DEA, cours/TP recherche, séminaires, et stage labo. Soutenance orale et écrite. Si tu foires ta 2eme année (çà arrive …) tu redoubles ! Inutile en revanche de vouloir tenter d’obtenir une bourse de thèse dans ce cas.

Tout çà pour dire, que des blaireaux t'en voit pas mal en M2...

Pour avoir une bourse de thèse, il ne suffit plus d'être bien classé en Master (donc différent du DEA). Il faut passer le concours de l'école doctorale. Et là (au moins dans l'ED dont je dépends) c'est le délire total! Parce que c'est franchement d'un niveau 2 à 3 log au dessus du master, et qu'on demande aux impétrants de maitriser leur sujet de thèse du bout des doigts (celle là même qu'ils n'ont pas encore commencé...). Il faut avoir prévu le plan B, au cas où le projet ne marcherait pas comme prévu, etc etc...
Vu la longueur de mon commentaire, je vais me le poster chez moi, hein...avec deux ou trois détails de plus du coup !

Alors, c'était-y mieux avant ou après? difficile de trancher. L'objectif était d'harmoniser un peu les formations universitaires en Europe. Un des grosses différences avec le système précédant, est que chaque année il faut obtenir un certain nombre d'ECST (si des universitaires pouvaient me donner la traduction...). Donc, théoriquement on gagne en flexibilité. 60 ECST de l'université de Lamotte-Beuvron seront reconnues partout (enfin, il parait... j'ai un peu de doutes sur la question). Ainsi, au lieu d'avoir trois enseignements en maitrise, ils en ont 150 beaucoup en M1, composés d'EC courtes et d'EC longues (50 heures d'enseignement). Nos amis professeurs ont du se casser la tête pour découper leurs enseignements précédents. Le résultat est un morcellement complet, qui fait que trouver deux gus qui ont suivi exactement le même parcours relève de l'exploit.

Pour conclure, je pense qu'il est encore un peu tôt pour faire un bilan (chez nous, la réforme a 4 ans, autrement dit, on verra sortir les premiers doctorants à la fin de l'année. Ce qui est cependant très perceptible c'est la différence notable de niveau et d'implication qui existe entre le M2 et le DEA.

4 commentaires:

Le Piou a dit…

"Ce qui est cependant très perceptible c'est la différence notable de niveau et d'implication qui existe entre le M2 et le DEA."
Genre?

Roberta a dit…

genre, quand tu étais en DEA, si tu voulais faire une thèse, c'était facile....suffisait de finir premier (deuxième à la rigueur)! Donc, le " veau sous la mère™ " s'arrachait comme un malade.
Maintenant, quand tu es en M2, c'est plus le labo et le sujet de thèse qui seront classés que l'étudiant. Il n'est donc pas nécessaire de terminer premier. Il faut cependant avoir une mention, mais la pression est moindre. Et des teignes qui se fixent comme objectif de sortir premier (deuxième à la rigueur) perso, je n'en ai pas encore croisé depuis la réforme.

Anonyme a dit…

"suffisait de finir premier"... sauf exception a base de magouilles sur fond de gueguerre intestine dans les labos, quand le "classement" avait le malheur de ne pas refleter directement les voeux de la commission d'attribution des bourses...
Je suis sans doute mauvaise langue, mais on dirait que finalement, le principe d'attribuer les financement a une equipe plutot qu'a un etudiant a ete officialise. Au moins, ca a le merite d'etre clair. Charge a l'equipe de trouver un bon candidat pour son projet - la motivation me semble un facteur au moins aussi important que le fait d'obtenir les meilleures notes a tous les exams...

Marie a dit…

A. je ne vois rien qui me réjouisse là dedans... on est dans la magouille à fond garantie en faisant le choix du labo et pas du candidat... mais je dois voir le mal partout.
et je maintiens que le mérite de l'étudiant était largement la composante majoritaire des classements de DEA en Biologie. Je n'ai JAMAIS vu une brèle sortir devant des bons. Après, sur l'ordre entre les bons...