jeudi 9 avril 2009

Douce France

Au titre des évènements ayant contribués à ma morosité printanière, est l'histoire de Mody. Mody est malien, il était homme de ménage dans notre vénérable institut, dûment salarié de l'entreprise de nettoyage ayant obtenu le marché public de l'université. Il était en France depuis 2004, entré en toute régularité, salarié dès le début, parlant parfaitement Français, ayant un logement (ne rêvons pas, dans un foyer type Sonacotra, mais bon). Il avait laissé femme et enfant au Mali, conscient que ses revenus ne lui permettraient pas d'assurer une vie décente à sa famille dans notre beau pays. Il ne profitait donc en aucune manière du système social de notre société (ce que l'on entend régulièrement dès que le sujet de l'immigration est abordé). L'an passé, il est rentré au Mali ayant pris des congés cumulés au fil des années augmentés d'un sans solde. Malheureusement, son visa n'a alors pas été renouvellé. Moralité, il est revenu sur un titre qui le condamnait de fait à l'illégalité, et a repris son travail qu'il faisait fort bien. L'histoire se termine mal, vous l'aurez deviné depuis longtemps. Il a été contrôlé début mars, placé en centre de rétention, puis finalement expulsé le 27 mars, direction Bamako. Les lettres de soutien, pétition (plus de 2000 signataires), et preuves de son emploi n'y ont rien changé.

Hier matin, Mr Eric Besson ministre sinistre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire (ça ne s'invente pas...) était invité sur France Inter. Je l'ai ainsi entendu justifier l'injustifiable, et surtout pointer le fait que la régularisation au cas par cas des sans papiers se faisait principalement lorsque les personnes avaient un emploi (jusque là OK) et une famille en France. Cette deuxième condition exclut de fait Mody d'une quelconque possibilité de régularisation. Dont acte.

Je me demande maintenant, quelle autre clause secrète est requise, qui aurait permis à Ismail d'être régularisé. Parce que dans ce dernier cas, on est carrément dans le dégueulasse...

Ismail, habitant de Gif-sur-Yvette, vit avec sa compagne Paloma. Avec elle, il a eu une petite fille, Magdalena, qui a maintenant 2 ans ½.
Paloma, la compagne d’Ismail, est française. Magdalena, la fille d’Ismail, est française. Mais Ismail est turc, il est arrivé en France en 2002 avec un visa touristique, et il n’a jamais pu obtenir un titre de séjour régulier.

Il vit en France depuis plusieurs années, c’est ici qu’il construit sa vie et son avenir. La France est le pays de sa compagne, celui de sa fille, et aussi le sien maintenant. Nous devons l’aider à y rester !!!

Il vient de recevoir de la préfecture d’Évry un refus de séjour comportant Obligation à Quitter le Territoire Français (OQTF).
Au moindre contrôle d’identité, ce qui est fréquent dans les gares RER, il sera placé en centre de rétention avant d’être expulsé dans son pays d’origine.


Pour plus de détails sur le droit des étrangers, et les conditions de traitement des personnes interpellées, je vous renvoie au blog d'Eolas, vous verrez que c'est édifiant!


5 commentaires:

Le Piou a dit…

Ca me fait bien marrer. Ou gerber. Je sais meme pas, en fait.

Ca me renforce dans mon idee: l'immigres a toujours tord. Il est toujours le fautif. Il celui qui l'a ramenera en disant qu'ils volent le job des Francais est le meme qui refusera de passer le balais dans les couloirs de l'institut. "pass'que ca, c
est du travail d'arabes/portos/negres (choose your flavor)"...

Anthropopotame a dit…

Je dois dire que la situation commence à me turlupiner sérieusement. Et ce n'est pas que la lecture du blog d'Eolas. Il semblerait que le droit lié à l'immigration soit de fait un non-droit, et que les avocats en soient réduits à plaider la nullité pour vice de procédure (et dans le cas d'immigrés on ne prend pas vraiment la peine de respecter les formes) sachant que le droit français ne laisse aucun espace à la défense pour plaider.
Franchement, la police française a suffisamment à faire oublier concernant son attitude par le passé pour ne pas céder à ces tropismes écoeurants.

Marie a dit…

en l'occurrence, les OQTF sont émis par les préfectures. La police ne fait "que" faire respecter la loi. Ce qui me fait gerber c'est d'avoir un ministère dédier à l'expulsion, avec objectifs chiffrés...
Ce qui me fait vraiment chier, en fait c'est ce qui a été élu pour diriger ce pays... Mais bon, c'est la règle de la démocratie hein.

bergere a dit…

Moi cela me fait chialer, ni marrer ni gerber, simplement chialer de colère de me savoir sans pouvoir, sans moyen de combattre ces injustices. Pour 1 cas révéler, combien de cas qui ne sont pas médiatiser. Partout ou je vais je rencontre des étrangers qui sont si admiratifs de la France, de cette terre d'accueil, de liberté. pfff je me souviens encore aux pays bas de notre homme de ménage. Il adorait parler de la France, de notre super président Jacques Chirac, de la chance que j'avais de vivre dans un tel pays, de la chance de son cousin qui y avait immigré... La France possède encore cette image de terre d'asile, terre d'accueil, terre d'entraide. Et le pire de tout, c'est que les immigrés, clandestins ou régularisés, même traités comme de la merde, y ont une vie 10 fois meilleure que si ils étaient restés dans leur pays... Il y a un film que je voudrais voir, mais attend d'être blindée pour l'encaisser "Eden à l'Ouest"

François a dit…
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