vendredi 16 mai 2008

Grand Oral

Les résultats sont tombés ; vous êtes sélectionné pour passer l’audition du concours au poste de maitre de conférence.
Cette fois ci je dois être dans les temps pour vous donner deux ou trois conseils pour cet oral de tous les dangers.
Tout d’abord, précisons que ce qui est vrai pour un recrutement en biologie, peut être totalement à coté de la plaque pour d’autres disciplines. Une fois de plus, je ne m’engage que sur ce que je pratique… Néanmoins, certains de ces conseils sont de pur bon sens (mais toujours bon à rappeler…) et devraient convenir au plus grand nombre.

Vous avez donc été sélectionné, et savez où, quand et à quelle heure vous devez passer l’audition.
Si vous arrivez de l’étranger (ou de l’autre bout de la France), demandez vous si vous pourrez être à l’heure (horaires trains, avions…). Il n’y a aucune honte à demander au président de la commission de changer l’horaire de votre audition pour ce type de raison. La commission où je siège est en général très conciliante sur ce point.

Vous devez maintenant impérativement contacter le laboratoire d’accueil et le correspondant enseignement. Il faut vous manifester. Si possible, essayez d’obtenir un rendez-vous pour rencontrer ces personnes, ou avoir un entretien téléphonique avec eux.
Vous devez également vous pencher sérieusement sur la bibliographie du projet de recherche, en commençant par les papiers du laboratoire d’accueil cela va sans dire !

Si cela n’a pas été précisé, demandez au président de la commission le temps imparti à la présentation, et le type de support utilisé. Si les « slide show » sont autorisés, pensez néanmoins à prévoir des transparents (quitte à avoir une version un peu différente des dias pour cause de lisibilité…). On n’est jamais à l’abri d’une panne, et parler sans aucun support un jour de concours est plus que déstabilisant.

Partons du principe que vous aurez 10 minutes de présentation, et 10 min de questions (ce que nous pratiquons). Oui, je sais il est délirant de jouer son avenir en 20 minutes, mais cette règle s’applique aussi à vos concurrents…

Règle n°1 : Il ne faut pas dépasser le temps imparti. C’est une partie de l’exercice… Ce qui veut dire que vous devez avoir répété, chronométré, qu’il n’y a aucune place pour l’improvisation. D’expérience, je pense qu’écrire un texte est une bonne solution MAIS il faut arriver à dépasser le « par cœur » et donner l’impression que l’expression est naturelle. Il faut donc faire très attention à l’interprétation !

Règle n°2 : Vous candidatez pour être enseignant, et l’oral permet de mesurer vos qualités de communication. Quand vous parlez, regardez la salle (le fond de préférence, cela vous obligera à lever la tête, et chacun aura l’impression que vous vous adressez à lui). Surtout, ne parlez pas à l’écran (c’est détestable, et en général on n’entend rien !). Pensez également au volume de votre voix, mais ne hurlez pas pour autant ! N’oubliez pas la gestuelle : obligez vous lors des répétitions à pointer sur le support, à vous repositionner face au public etc. Attention aux tics gestuels ou de langage. Oui c’est dur, mais répéter est la clé de l’aisance. Si vous utilisez des transparents, évitez ceux qui ont la feuille papier collée (ou alors, décollez avant l’audition !).

Règle n°3 : 10 minutes pour parler de son parcours, et proposer un projet de recherche c’est très court, très très court. Surtout si vous avez déjà deux post-docs derrière vous (de plus en plus le cas ces derniers temps). Il faut donc faire des choix, et laisser de coté ce qui n’est pas essentiel ni pertinent par rapport au poste, tout en l’ayant mentionné…. La quadrature du cercle en quelque sorte. La préparation des supports visuels est donc de la plus haute importance. Il est totalement déraisonnable d’avoir plus de 10 slides, ou que tout soit écrit en caractères minuscules (donc illisibles…). Une bonne solution est de commencer par un type « CV » : thèse / labos/ mots clé et post-doc / labo/ mots clés en précisant oralement (si nécessaire) ce dont vous ne parlerez pas. Attention, ne pas parler d’une partie de votre travail ne signifie pas que vous n’aurez pas de questions dessus… donc prévoir des visuels supplémentaires au cas où ! Evitez les CV commençant au bac…. Si vous avez une thèse, on se doute bien que vous avez eu le bac (et le DEUG, etc…). Il faut également un visuel pour l’enseignement (si vous avez déjà pratiqué), à mon avis à placer au début. Si vous n’avez jamais enseigné, profitez du visuel de conclusion pour montrer en quoi votre expérience professionnelle passée vous permettra de vous insérer dans les enseignements.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage pour cette épreuve.
May the force be with you.


5 commentaires:

Le Piou a dit…

C'est vachement moins prise de tete du cote obscur...

Marie a dit…

ben oui, c'est bien la définition du coté obscur.... plus facile, le chemin est...

Anonyme a dit…

Arfff, la belle theorie! Mais il faut dire qu'en tombant dans le genre de guet-apens denonces par le Monde, on finit par regretter de n'avoir pas mis a profit le temps de reponse aux "questions" pour engueuler un peu le jury... Apres tout, c'est pas comme si la conversation avait de toute facon un quelconque rapport avec les competances du candidat en enseignement ou recherche!

Roberta a dit…

@A. Non, je ne peux pas te laisser dire çà. D'abord, ce n'est pas de la théorie: je suis en commission de spécialistes depuis assez longtemps pour savoir ce qui passe et ce qui casse.
Ensuite, libre à toi de penser que Le Monde vaut parole d'évangile. Clairement, en sciences les concours sont moins biaisés que dans les autres disciplines. Particulièrement lorsqu'on parle des grosses universités, les parisiennes bien sur, mais également les ténors de province.
Pour finir, une fois de plus, ce soit-disant scandale est vrai pour tous les concours de recrutement chercheur: en effet, petit rappel, pour entrer au CNRS, INSERM, il faut être présenté par un labo. On n'y va pas le nez en l'air sans aucun soutien.

Anonyme a dit…

Roberta,
Je ne pense evidemment pas que Le Monde est parole d'evangile - n'empeche, mon experience recente des diverses campagnes de concours (directe et indirecte) me laisse quand meme une impression salement pessimiste sur le recrutement des chercheurs en France (en tant que candidat, apres, la Science francaise s'en porte peut-etre tres bien, je ne pense pas avoir les elements pour dire ce qu'il en est). Sans crier au scandale, il me semble que le politique sous toutes ses formes prime de loin sur les competances du candidat, y compris quand celui-ci est soutenu par un labo CNRS/INSERM (par "politique", j'entends, par exemple, le degre de popularite du moment de la discipline du candidat, la debrouillardise du labo a louvoyer dans les eaux troubles des concours...).
Quant aux recrutements MCF je veux encore croire que le localisme et la "cooptation" ne sont pas la regle, mais je peux quand meme attester que ca existe bel et bien. Etre convoque a une audition pour s'entendre dire "vous n'avez rien a faire ici, pourquoi ne restez vous pas dans votre super pays etranger, vous y serez bien mieux", la "question" me reste en travers. Les echos avant l'audition etaient que le local ayant soutenu la veille de la DL de qualif etait tres fortement pressenti. Bon. Libre a la commission de recruter ce candidat probablement tres competant meme si ayant largement moins d'experience en recherche et/ou enseignement que la plupart des autres candidats auditionnes. Pour autant, ca ne les exempte pas de traiter les autres candidats avec un minimum de respect et de politesse, il me semble.
Alors oui, il est imperatif de bien preparer une audition selon les regles enoncees, mais finalement, ca ne peut reellement avoir d'impact que si le candidat a prealablement gagne au concours de circonstances de ne PAS tomber dans un recrutement noyaute par le localisme ambiant...
Donc finalement, reussir un concours, c'est avant tout gagner a un concours de circonstances politique et ca, le candidat peut difficilement y faire quoi que ce soit...